mercredi 6 juillet 2016



RETROUVAILLES ET FIANÇAILLES une nouvelle de Nils, Hermance, Grégory

Capucine s’éveilla et se prépara. C’était le grand jour, celui de son mariage. Ce jour, elle l’attendait depuis des années.


Elle n’avait pas eu une enfance facile et rêvait d’une vie heureuse. Lorsqu’elle avait cinq ans, sa mère était morte dans un accident de voiture. Emporté par le chagrin et la colère, son père avait sombré dans l’alcool et s’était mis à les battre, elle et son frère. Ce dernier, de six ans son aîné, fugua de la maison au bout d’un an de mauvais traitement. Un enfant de 12 ans, disparu dans la nature, dont personne ne put retrouver la trace. Le père s’enferma doublement dans sa peine, et la petite fille fut confiée à une famille d’accueil. Onze ans plus tard, après des cures de sevrage et un travail de longue haleine pour se reconstruire, le père avait obtenu la garde de Capucine.



Elle avait 19 ans maintenant et elle allait se marier avec l’homme de sa vie ; Mario, il était grand, brun avec des yeux verts pétillants. Ils avaient un caractère similaire. Il lui avait confié l’enfance trouble qu’il avait eue lui aussi. A la rue très jeune, il avait appris à se débrouiller tout seul. Il avait 25 ans aujourd’hui. Deux âmes écorchées qui se comprenaient, qui s’aimaient, et soignaient leurs blessures.
Elle ne l’avait jamais présenté à son père, elle n’en avait pas ressentie la nécessité. Son géniteur l’avait laissé petite fille, il la retrouvait à l’aube de sa vie d’adulte … ils étaient devenus des étrangers l’un pour l’autre. Aussi, quoique vivant sous le même toi, elle avait continué de vivre à côté de son père et non avec lui. Un jour qu’il était en déplacement pour voyage d’affaires, elle lui avait seulement annoncé que Mario lui avait demandé sa main. Il avait émis quelques réticences, mais avait vite fini par accepter. Il venait de rentrer spécialement pour la cérémonie.


Capucine s’approcha de l’autel, bras dessus, bras dessous avec son père, elle portait une belle robe blanche et lui un smoking gris sombre.
Elle observa son futur mari, il semblait perplexe, une expression ahurie se dessinait sur son visage à mesure que le duo avançait. Lentement, il dévisageait tour à tour Capucine et son père et il articula péniblement, tandis que des larmes coulaient sur ses joues, « Papa … qu’est-ce que... Mais … alors … Capucine ? »